Billet du président

« Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change » !

Tancredi Falconeri dans Le Guépard de
Guiseppe Tomasi di Lampedusa


Depuis septembre 2023, j’aiguise mon regard sur cette institution que je connais ou que je croyais connaître depuis très longtemps. Pierre Wavre œuvrait à l’époque à la mue spectaculaire de l’institution lausannoise, vaudoise et romande qu’était « le Conservatoire de Lausanne » représentant depuis sa création 1861 un phare culturel.

Force est toutefois de reconnaître que depuis huit mois que je participe à la vie de ce creuset musical, la complexité de son fonctionnement bicéphale m’a fait penser à la phrase de Tomasi di Lampedusa à plus d’un titre.

En effet, la vénérable institution n’a eu de cesse, depuis sa création, que de permettre à tous les talents musicaux d’éclore visant avant tout à mettre au centre les élèves et les étudiants. Or, si avant la création de la Haute Ecole de Musique, le Conservatoire de Lausanne regroupait la formation du jardin d’enfants jusqu’à l’Université, les chemins actuels passent par le Conservatoire, soumis à la LEM (Loi sur l’enseignement de la musique) pour, au stade de l’enseignement professionnel, passer sous l’égide de la Haute Ecole de Musique Vaud, Valais, Fribourg composante de la HES-SO soumis à la LHEV et LEHE (Lois cadrant les Hautes Ecoles au niveau cantonal et fédéral).

Quoique cela soit conforme aux aspirations légitimes de la LEM et de la HES-SO, cela implique un organigramme complexe, des répartitions de compétences dans l’organisation à la gestion de la bonne marche des affaires au quotidien et parfois même peut-être de schizophrénie ! C’est dans ce cadre juridico-administratif que doivent évoluer élèves du Conservatoire et étudiants de l’HEMU. Or, afin que tout reste tel que c’était, il a fallu que tout change ! De tels bouleversements sont humainement déstabilisants et provoquent de légitimes inquiétudes à tous les degrés de l’institution. Toutefois, et malgré les soubresauts des crises passées, le Conseil de Fondation, conscient des différentes situations et soudé, ne perd pas de vue que, sans des élèves et des étudiants et donc sans les enseignants et les professeurs, l’institution ne serait qu’une coquille de noix vide. Il est donc primordial de s’en souvenir et d’accorder la priorité à celles et ceux à qui cette institution majeure est dédiée.

Bien sûr chaque fois que l’humain est au centre, les crises petites ou grandes naissent mais ainsi va la vie. Il est extrêmement réjouissant toutefois de constater, s’agissant du Conservatoire de Lausanne, que celui-ci peut bénéficier du rapprochement organique qu’il a avec l’HEMU, quand bien même cela induit certainement des surcoûts que les autres écoles de musique du canton n’ont pas à assumer. De son côté, l’HEMU dispose ainsi d’une quantité de musiciens attirés par l’excellence des formations qu’elle dispense, réparties sur les trois sites qu’elle englobe. Là également, il convient de rappeler que c’est en tenant compte du bassin de population et de l’impossibilité pour chaque canton de disposer de sa propre HEMU que celle-ci regroupe les cantons de Vaud, du Valais et de Fribourg. Ce privilège permet un brassage qui, s’il augmente encore un peu la complexité du fonctionnement de l’institution, lui confère une dynamique et une saine émulation qui bénéficie à la renommée de la Haute Ecole.

C’est donc avec enthousiasme et gratitude que le Conseil de Fondation se réjouit de la qualité de l’engagement des élèves et des étudiants, remercie les enseignants et les professeurs ainsi que tout le personnel administratif et technique, les différentes directions pour le magnifique travail effectué au quotidien permettant ainsi que tout change pour que le meilleur reste !

Jean-David Pelot
Président du Conseil de Fondation